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samedi 23 mai 2015

Daech, le pire est à venir !


L’excellent Al-Baghdadi, le fou furieux qui règne sur l’État Islamique, ne doit plus n’y rien comprendre, voilà qu’à l’ouest de son « Califat » on lui laisse libre champ pout avancer vers Damas et prendre la Syrie, alors qu’à l’est, à Ramadi, en Irak,  on le combat. Comme si du côté syrien Daech était l’avenir du Moyen Orient, mais sur les rives irakiennes, la peste et le choléra. Les vaillants soldats d’E.I. se sont donc installés dans Palmyre sans que du ciel ne leur tombe dessus la moindre  « frappe » issue de Rafales, de F16 ou autres appareils de la  Coalition occidentale. Bizarre.

C’est vrai que sur la supposée efficacité d’une guerre faite rien que du ciel, nos lecteurs sont déjà avertis : le plus souvent les couteux missiles à un million de dollar ne tuent que des ânes, des bergers, des enfants ou une noce en fête. Mais quand même, alors que Da’esh en colonne blindée par deux, avançait en terrain totalement découvert, il ne s’est pas trouvé un politicien pour commander quelques tirs de baroud contre ceux que nos journaux qualifient pourtant de « barbares ». Il faut croire que, cette fois, puisqu’ils annoncent que la fin de Bachar est programmée, les jihadistes de Baghadi sont devenus de braves garçons.



Vous objecterez que les Américains ne se sont pas montrés timorés quand ils sont allés, à pied, flinguer le ministre des finances de Da’ech et son secrétariat. Bien sûr, voilà un beau courage. Mais pourquoi ? Parce qu’en tuant cet homme clé, Washington tente de reprendre le contrôle du pétrole. Depuis des mois, Abou Sayyaf, le susdit  grand argentier des « barbares »,  était devenu un roi du pétrole, un roi de trop. Puisque les troupes du Califat contrôlent pratiquement les puits de Syrie, et une partie de ceux d’Irak, Abou Sayyaf devenait un acteur important sur le marché international du « brut », lui qui l’était lui-même. Il fallait donc que ce nouveau riche disparaisse du club des pétroliers, et la force Delta l’a exécuté. Constatez que personne, pas un témoin mal élevé, pas un journaliste du genre Langlet, l’économiste en chef de France 2, n’a posé la question qui brûle les dents : « mais qui donc, au bout du tuyau, a bien pu acheter ce pétrole à couleur de sang ? ». En fouillant dans les relevés bancaires de quelques magnats turcs et d’autres de Wall Street, on doit pouvoir facilement en savoir plus. La mort d’Abou Sayyef est donc un message à caractère politico-économique : « Faites la guerre comme vous le voulez mais pour le pétrole, c’est nous les chefs ». Cette propriété putative de l’or noir celui de toute la planète,  est une constante de la politique américaine et anglo-saxonne. Par exemple, en 1916 lors des accords Sykes-Picot, qui dépeçaient l’empire ottoman, la France a été « convaincue » de céder le riche sous-sol du Kurdistan à ses amis parlant la langue de Shakespeare. Contre le paiement d’une rente issue du pétrole exploité… rente qui n’a jamais été correctement versée puis oubliée.

Il y a un demi-siècle, sur l’antenne de Radio Luxembourg, une étrange dame  à chapeau et voilette, régnait sur  la rubrique de politique internationale, Geneviève Tabouis. Son slogan était simple, elle claironnait « Attendez-vous à savoir… ».  Aujourd’hui j’ai envie de reprendre la voilette de Geneviève. Attendez-vous à savoir que, dans quelques mois, si rien n’y fait, Da-ech aura réunifié  le vieux royaume hachémite, réunissant Syrie et Irak sous le même Califat. Et Al-Baghadi pourra se prendre pour le nouveau prince des Omeyades.

Faute de faire la guerre, que prépare donc l’Occident pour la suite de ce Lawrence d’Arabie en 4 D ? Le plan secret de Washington, approuvé par Paris, est un escabeau à plusieurs marches. Première hypothèse. Finalement après une étape d’apaisement, The Washington Post et Le Monde décideront demain que Da’ech est devenu fréquentable. Hollande n’a t-il pas rendu cinq  visites à l’Arabie Saoudite qui, en ce moment, cherche à embaucher une équipe de coupeurs de têtes, de bourreaux.

Si Da’ech est ingérable, on va demander  au nouveaux démocrates d’Al-Qaïda de lui faire la peau. Laurent Fabius estime déjà  « qu’Al Nostra fait du bon boulot », il parle là d’une branche de fidèles de Ben Laden. Et le ministre des Affaires étrangères du Qatar, dans un entretien avec Le Monde, vient de demander à ce que nous collaborions avec ces démocrates, façon 11 septembre.

Bush et son gang ont brisé l’Irak, pour « redistribuer les cartes du Moyen Orient », ce qui veut dire prendre en main ses ressources.  Le même chantier continue avec la Syrie. Un moyen Orient qui ne serait plus constitué d’États mais de califats, d’émirats est une aubaine pour les affaires, donc pour Washington. Plus simple de dicter les consignes à un équivalent Tamim, le gentil garçon qui règne sur le Qatar, qu’à un Bachar, un  Saddam, un Nasser ou un Mossadegh bref un « nationaliste ».  En plus on trouvera bien, entre ses nouveaux califes,  des dirigeants assez raisonnables pour  entériner la politique d’Israël. 
Attendez-vous à savoir… que le pire est à venir. 

Jacques-Marie Bourget